[RP] Le temps de la folie...

A la lisière de la forêt se profilait une silhouette menue, haute comme trois pommes, peut-être bien quatre à y regarder de plus près. Vêtue de jupons couleur crème, un brin effilochés puis reprisés par derrière, elle portait des chausses couleur terre et des bas blanc cassé sur lesquels juraient méchamment une trainée de sang rouge vif, hors de la vue de la jeune fille. Autour de la ceinture, elle arborait une petite bourse dans laquelle tintaient joyeusement quelques piécettes lorsqu’elle sautait à pieds joints par-dessus les racines en prenant appui sur une rame de bois plus petite que la moyenne mais en excellant état, on aurait même dit qu’elle brillait.

Dans son champ de vision s’élevaient un majestueux portail de métal, une immense bâtisse et également des cris sur un ton de colère et de reproche. Prudente, elle posa sa rame au pied d’un gros arbre, et reparti en direction des cris après l’avoir un peu camouflée sous des mousses et feuilles mortes ; qui sait, il viendrait peut-être à quelqu’un l’envie de lui voler.

Marchant à petits pas discrets, elle se rapprocha du vacarme. Elle pouvait apercevoir dans la cour au loin une femme, courant à en perdre haleine, le visage aussi rouge que sa toilette, brayant à qui mieux-mieux contre un homme qu’elle voyait de dos. Les gouttes de sang s’échappant du bras de ce dernier croyaient bon de tâcher maintenant de rouge vif ses braies, avant de s’écraser mollement sur la terre sableuse. Nullement impressionnée par l’homme qui s’adossait maintenant presque à la grille, elle agrippa cette dernière de ses petites menottes et perçu mieux que personne la fin de la conversation.

Cette voix, elle la connaissait bien, c’était la même qui lui dictait comment tenir avec fermeté sa rame, comment frapper avec justesse, la même qu’elle entendait quelques fois lui indiquer avec surprise qu’il venait de voir passer un chaton et qu’il ne faudrait pas manquer de le laisser partir, mais aussi la même qui racontait par moment à quel point il était épris de la femme qu’il aimait, qui vantait ses mérites d’oratrice ou encore qui plaisantait à propos de ses petites manières. Si cet homme là était bien Soji, alors la conversation tournait autour d’Hana ?!

Un brin hésitante, elle se hissa sur la pointe des pieds, attrapa un pan de la chemise de l’homme abattu qui ne l’avait toujours pas remarqué et dit d’une voix un peu inquiète :
« Soji ? … C'est qui celle-là ? Qu’est-ce qu’elle a Hana ? »
Au loin, la femme qu'elle désignait s'était déjà retranchée, loin des regards curieux alentours et des chuchotements affligés.

Valentine voulait relancer une réplique cinglante au gueux, mais elle fût interrompu par une voie autoritaire venant de la grille. Furieuse de laisser une occasion comme celle là, elle se précipita rageusement vers la personne qui attendait.

-C'est hors de question! elle est très mal au point. Je suis désolée mais je ne vous laisserais pas entrer et ...

Avant qu'elle ai pu terminer sa phrase, son regard c'était intéressée par l'homme derrière la belle Dame. Elle l'avait déjà vu! oui! c'était celui qui avait un beau fessier! Alors, elle changea d'humeur. Elle lui fit un sourire éblouissant. Ce noble! qu'il était beau!

-Heu..oui heu bon, je vais vous faire entrer puisque vous êtes de très bon amis à Dame Hanadora.

Valentine fit signe à Frollo, le garde qui le regardait toujours béatement, d'ouvrir la grille.

-Allez, dépêche toi donc, ces gens sont pressés!

Elle se tourna vers les invités pour les accompagner vers le domaine . Elle prit la peine de faire passer les nobles devant elle, ce qui la ravisa quand elle se retrouva derrière le beau noble, même si elle avait oublié son nom.
Ils arrivèrent devant le gueux aux rats et Valentine ralentit.

-Ne faites aucunes attention à ce mendiant, il était sur le point de partir. Ce que les gens font quand une personne est malade, ils en profitent toujours. Où va donc le monde!

« Pas une idée bonne idée petite fille... plus tard surement... » qu’il lui avait dit Soji. Pourquoi plus tard, c’est bien ici qu’elle habitait Hana non ? Et puis ça lui semblait tout de même bizarre que Soji ne soit pas auprès d’elle, lui qui ne lâchait pas sa main, qui ne la quittait pas des yeux à chacune des fois où elle les croisait ensemble, comment ça se faisait qu’il reste là devant la grille à regarder dehors ? Elle ne comprenait pas son comportement…

Elle ouvrit la bouche pour protester, et tira doucement sur la main de Soji, elle voulait la voir Hana, elle ! Mais au moment où elle allait parler, la Dame en rouge lui coupa la parole et la désigna tout en se remettant à crier sur Soji. Elle avait la voix sèche et cassante et le regard méchant. On aurait dit qu’elle disputait Soji pour un rien, juste parce que ça lui faisait plaisir, juste parce qu’elle avait besoin de se défouler un peu et qu’elle avait croisé son chemin à lui. Et en plus elle disait vraiment n’importe quoi...

Mais.. Je n’suis pas sa fi… commença la fillette, croyant naïvement que le fait de remettre les idées de la Dame en ordre lui ferait oublier toute la colère qu’elle déchainait en ce moment contre Soji. Seulement elle ne l’écoutait déjà plus. Des cris s’élevaient derrière la grille. Il y avait deux personnes, accompagnées d’un majestueux carrosse. Des gens importants sans doute, tellement que la Dame en rouge se précipita dans leur direction, passant devant eux comme s’il n’avaient jamais existés. La fillette la suivit, ébahie, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche pour affirmer une nouvelle fois qu’elle refusait catégoriquement que quiconque voit Hana. Une pointe de colère commença à émerger au fond de la fillette, c’était elle la cause de tout ça, elle qui empêchait à Soji d’être près de sa bien-aimée, elle qui lui interdisait d’aller voir Hana, elle qui gardait sa maîtresse enfermée dans ce château. Une méchante sorcière, voilà ce qu’elle était ! Des larmes de désespoir commencèrent à perler au coin des yeux de la petite Shah qui tenta de se réfugier dans les bras de Soji.

Pendant ce temps, les gens importants avaient finalement réussi à passer la grille malgré le refus de la Dame en rouge, celle-ci s’était d’ailleurs faite envoyé balader en beauté après avoir traité Soji de mendiant une nouvelle fois et une femme s’approchait à grand pas pressé de Soji. Mais ça, elle ne le voyait déjà plus.

°[_ Demeure de Lineluna _]°

Ce n’est pas qu’elle ne supportait pas les rats la Linette, elle n’en avait pas spécialement peur non plus. C’est seulement que plus elle restait loin d’eux, mieux les deux camps s’en sortaient au final. C’est ainsi qu’après avoir survécu à une place de marché noire de monde, aux relents de poisson de l’étal des pêcheurs et aux cris surhumains des maraîchers qui cherchaient à tout prix à écouler leur marchandise, elle se retrouva nez-à-nez avec un morceau de parchemin sur pattes… avec une longue queue et des petites oreilles rondes, dans les mains de son plus jeune fils de surcroît.

"Owen, c’est un rat, pas un jouet tu sais ? lui dit-elle d’une voix calme mais ferme. Veux-tu bien le lâcher ? Il ne t’a pas mordu j’espère…
-'é 'été 'evant 'a pot' mamaaan
-C’est bien mon grand, maman va s’en occuper d’accord ? Stan mon bonhomme, tu veux bien emmener ton cousin à l’abreuvoir pour qu’il se lave les mains ?"

Récupérant le rat des mains de son fils, elle le plaça dans une petite caisse en bois un peu miteuse et s’assura qu’il ne filerait pas en douce pendant qu’elle prendrait connaissance du message. Elle ne se voyait pas vraiment courir après un autre rat dans le cas où la missive nécessitait une réponse, mieux valait être prudente ! Elle s’était faite avoir plus d’une fois avec Hana à l’époque, elle qui avait si souvent préféré ces bestioles pour la discrétion qu’elles procuraient face à un banal pigeon.

Elle connaissait si peu de gens qui utilisaient ce moyen qu’elle s’attendait fortement à recevoir une lettre de son amie. Elle l’ouvrit alors avec impatience, depuis le temps qu’elle n’avait plus de nouvelles ! Sauf que cette fois la lettre ne venait pas d’Hana, elle reconnaitrait son écriture entre mille tellement elles en avaient échangés des petits mots, mais celle-ci était différente, plus petite, plus inclinée… A sa connaissance personne n’utilisait plus les rats par ici, elle jeta un coup d’œil à l’expéditeur de la lettre avant même d’en prendre connaissance – "Sojiro" Mais oui bien sûr, le chasseur de rats, Hana lui avait présenté un jour qu’elle passait par Vesoul. Elle parcouru donc la lettre des yeux.

… Ce n’était pas vraiment le genre de nouvelle qu’elle s’était attendue à recevoir de sa part. Elle s’assit un moment, le visage blême. Hana était mal, Sojiro semblait désemparé, et elle-même était passée par une période si trouble qu’elle n’avait pas non plus donné de nouvelles depuis des lunes. Il fallait qu’elle la voie, qu’elle la soutienne, elle en aurait fait tout autant pour elle.

"Les garçons, ça vous dit de passer quelques jours chez grand-mère ?"

Il lui fallu moins d’une demi-journée pour déposer ses fistons chez la vieille dame, rassembler deux trois affaires, un baluchon de nourriture, libérer le minuscule porteur de message et grimper sur le dos de son cheval. Le soir même elle était déjà en route.


°[_Domaine de Grimwald _]°

Elle posa le pied à terre lorsqu’elle arriva devant les grilles du de son amie. Jamais elle n’était venue lui rendre visite ici, par habitude elles s’étaient toujours vues au-dehors. Elle attrapa les rênes de sa monture et le mena vers les grilles, déplissant légèrement sa robe histoire de paraitre présentable.

"Merci mon brave, tu vas pouvoir te reposer maintenant, dit-elle tout en flattant son compagnon de voyage. Voyons voir si c’est bien ici.
Apercevant un homme juste à l’entrée, elle le salua d’un signe de tête gracieux.
-Bien le bonjour. Suis-je bien devant les grilles de la demeure d’Hanadora Grimwald ? Suite à son hochement de tête elle poursuivit. Je me nomme Lineluna, je suis l’une de ses amies. Je viens de loin rien que pour la voir, pourrai-je lui rendre visite ?"

Elle les connaissait bien les hommes la jeune femme. Non pas qu'elle ai eu beaucoup d'aventures, loin de là, mais surtout un bon nombre de prétendants. Ils se pressaient derrière elle, la chouchoutaient, lui offraient leurs services sans qu'elle ai vraiment cherché à les attirer auprès d'elle, ni à les y retenir d'ailleurs. Elle avait connu bon nombre de personnages, certains étaient pressants, d'autres beaucoup plus subtils, certains autres allaient même jusqu'à lui écrire des mots doux pour entrer dans ses bonnes grâces.

Et celui-ci la regardait de manière si pénétrante qu'elle aurait juré qu'il la déshabillait littéralement du regard. Ce n'était pas, disons, franchement désagréable. Cependant en ce moment même elle ressentait plutôt une certaine gêne mélée à de la curiosité, jamais un homme ne l'avait dévoré du regard aussi avidement que celui-ci.

Vicomte de Debussy, il faut dire qu'il était plutôt propre sur lui. A priori il était aussi médecin, parfait.

"Je suis enchantée."

La Dame de compagnie fit irruption au même instant. Elle lut un moment de l'hésitation dans ses yeux. Line s'apprêtait à argumenter un peu plus la raison de sa venue mais ce ne fut pas nécéssaire. Elle la fit finalement rentrer sans problème en l'expédiant gentiment à l'intérieur de la propriété pour se diriger ensuite d'un pas pour le moins assuré vers le Vicomte. Elle lui fit un instant l'effet d'une menthe religieuse fondant sur sa proie. Un vrai bourreau des coeurs celui-là, nota-t-elle pour elle-même.

N'ayant pas de raison de s'attarder d'avantage, elle laissa le médecin se dépatouiller avec la servante et guida ses pas en direction du groupe de personnes en grande discussion devant les portes de la demeure. Elle arriva à leur hauteur et les salua. Rassurée, elle avait reconnu Sojiro au milieu, une fillette blottie au creux de ses bras. Ses traits, tirés, ne présageaient rien de bon. Ajoutés aux pleurs de la petite, la jeune femme se serait mis à prendre peur sérieusement au sujet de l'état de santé de son amie alitée si elle n'avait pas reconnu un couple d'amis qui était également présent et qui semblait être encore totalement dans le flou.

"Debenja, Jasona, mes respects.
Sojiro, ravie d'être là également.

Son regard se posa sur Jasona, elle avait l'air completement paniquée.
-Oui, c'est terrible. Dire qu'on pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres... Allons, il ne faut pas dramatiser, allons la voir."

Elle suivi donc le petit groupe après avoir été discretement interpellée par le médecin. Il avait l'air très heureux, et il lui faisait du gringue ma parole ! Soit, elle n'était pas contre le fait qu'on lui ouvre la marche, mais elle n'était pas non plus très emballée par la situation dans laquelle se trouvait son amie. Elle répondit donc à ses avances par un léger sourire et passa devant avec Jasona.

La propriété de son amie était tout ce qu'il y avait de plus somptueux, jamais elle n'aurait imaginé voir pareilles richesses concentrée en si peu d'espace. Line entra dans la chambre à la suite du couple Riddermark. La pâleur de son amie la fit frémir. Par respect, elle resta en arrière, son regard posé sur Hanadora. Au fond d'elle-même, elle pria Aristote pour qu'il reste encore un espoir de la sauver.

Blottie dans les bras de Soji, elle avait fini par sécher ses larmes et remarquer l’attroupement d’inconnus qui s’était formé autour de lui. Voyant leurs visages aussi fermés que celui de Soji, elle ne put s’empêcher de remarquer qu’il y avait parmi eux un homme qui ne se lassait pas d’afficher un large sourire. La petite jugea que ce n’était pas vraiment de rigueur dans une telle situation, elle supposa même qu’il était de mèche avec la sorcière vu la façon dont elle le suivait en trottinant au moindre de ses mouvements avec un sourire bête sur le visage. Mais Soji, dans l’histoire, c’était lui le plus fort, alors elle ne douta même pas un instant qu’ils finiraient par pouvoir rendre visite à Hana tôt ou tard malgré ces deux là !

Se dégageant un instant des bras de Soji, elle fit une grande courbette afin de saluer toutes les personnes présentes, pour finalement revenir s’accrocher à son bras, intimidée.
B’jour, moi c’est Shah qu’elle avait réussi à dire malgré sa boule dans la gorge.

Au terme d’une courte discussion entre tous les protagonistes présents, le groupe se dirigea finalement en direction de l’imposante bâtisse. La fillette oublia tous ses soucis à l’instant même où elle en franchit le seuil. Tout autour d’elle respirait le luxe et la splendeur. Les pièces lui semblaient gigantesques, les colonnes étaient parcourues de dorures et les murs couverts par d’immenses tapisseries brodées. Shah laissa son regard se poser sur chacune de ces merveilles pour les graver dans sa mémoire. Le chemin lui parut finalement bien trop court au moment où elle entra dans la petite pièce sombre à la suite de Soji.

Le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité, elle trottina aux côtés de la dame qui lui avait donné une caresse, se mis sur la pointe des pieds et contempla Hana. Devant la pâleur de son visage, elle murmura : Tenez bon Hana, il ne faut pas mourir, Soji a beaucoup besoin de vous et... Elle fut contrainte de s’éloigner du lit dans l’instant, poussée par un homme qui voulait prendre sa place. Sa tati lui avait apprit qu’il fallait laisser travailler les grands en paix quelques fois, elle jugea que cette fois était une de celle là. Aussi, elle rejoignit la dame brune qui était restée à l’écart et se tint tranquille.